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Carnaval et dieu gaulois

Aux origines de Carnaval

 Un dieu gaulois ancêtre des rois de France Anne Lombard-Jourdan  ( 2005 )
Carnaval est la fête païenne la plus célébrée dans le monde chrétien. Que signifie Carnaval ? Quelle en est son origine ? Anne Lombard-Jourdan a mené son enquête dans toutes les directions que lui indiquait l’histoire. Et elle nous fait comprendre sa postérité.

Aux origines de Carnaval

 

Un dieu gaulois ancêtre des rois de France

  

Anne Lombard-Jourdan, 2005

Editions Odile Jacob Anne Lombard-Jourdan était archiviste paléographe. Elle a travaillé au Centre de recherche historique de l’École des hautes études en sciences sociales. Elle est décédée le 13 février 2009.  
Le point de départ de sa recherche est la mention par César d’un dieu « père de tous les Gaulois ». Le but de son livre est de l’identifier avec Cernunnos, dieu géant aux bois de cerf, dont l’effigie accompagnée d’une inscription à son nom, fut sculptée pour la première fois à l’époque de Tibère sur le pilier des Nautes à Paris. AA109
Le pilier des nautes est une colonne
monumentale gallo-romaine
en l'honneur de Jupiter par les nautes parisiens  de Lutèce Ier siècle après J.-C. C'est le plus vieux monument de Paris et le plus ancien ensemble sculpté découvert en France et daté par une inscription impériale. Le pilier des Nautes est exposé dans la salle du frigidarium des thermes de Cluny.  Ces quatre blocs ont été mis au jour dans les fondations de l'autel de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 1711. Le pilier des Nautes comporte une dédicace. AA108 Il est constitué de blocs qui sont des cubes ornés de bas-reliefs représentant diverses scènes, ainsi que des divinités gauloises et romaines. On retrouve le dieu Cernunnos. « Ce géant dans la force de l’âge est barbu et partiellement chauve ; son expression est farouche et son front est orné de bois de cerf. L’inscription (C) ernunnos fournit exceptionnellement son identité » (pge 190)

Pilier des nautes et dieu Cernunnos

Carnaval, c’est tout à la fois le mythe du combat mythologique entre le cerf et le serpent qui assure le retour du printemps après les effrois de l’hiver. C’est aussi, primitivement, « le moment où les cerfs perdent leurs bois ». Carnaval réussit à s’introduire comme un moment païen au cœur du calendrier chrétien et force l’Eglise à tolérer ce qu’elle a espéré faire disparaitre à jamais : le port des masques, injures à la vision chrétienne de l’homme créé à l’image de Dieu, les ripailles, les beuveries, les danses et les rires bannis du carême.

Carnaval désigne cette période
de l’année marquée par
des réjouissances profanes
et qui va de Noël
au Mercredi des cendres

 Carnaval réussit
à s’introduire comme
un moment païen
au cœur du
calendrier chrétien.

Au terme d’une savante démonstration, Anne Lombard-Jourdan identifie deux êtres surnaturels, Gargantua et Mélusine, comme des avatars de divinités indo-européennes conservées par les Celtes et qui tiennent au vieux fonds mythologique de la Gaule protohistorique. Le cerf géant, c’est notre héros national, Gargantua. Mais surtout, le grand cerf, c’est l’ancêtre mythique des rois de France, dont le cerf volant est devenu l’emblème à la fin du XIVè siècle. Anne Lombard-Jourdannous fait ainsi découvrir dans cet ouvrage passionnant des pans entiers de notre passé religieux, culturel et politique.

Il faut attribuer à la racine carn un sens différent. Il ne s’agit pas de caro, carnis, la chair, mais de cern, corn, carn (latin cornu) et qui désigne la corne des animaux et notamment les bois du cerf.

Avec cette nouvelle acceptation,
Carnaval devient le moment
où la « corne » va ‘à val’ ou ‘avale’,  c’est-à dire tombe.
Cette période se place au mois de février.

Carnaval désigne cette période de l’année marquée par des réjouissances profanes et qui va de Noël (ou de la Chandeleur) au Mercredi des cendres. Ripailles et mascarades se multiplient alors sans retenue aucune jusqu’à ce que commence le jeûne de Carême prescrit par l’Eglise. Carême-entrant » (Quadragesimma intrans) désigne les trois jours qui précèdent le Mercredi et plus spécialement le « mardi gras » qui en est la veille.

Carnaval, le moment où la corne tombe

Ce sont sous des formes latines qu’il est d’abord fait mention au XIIè de la période de l’année correspondant à Carnaval. On pense généralement que le mot serait composé du radical carn désignant ‘la viande’ et de la locution adverbiale à val signifiant ‘vers le bas’. Il faut selon Anne Lombard-Jourdan attribuer à la racine carn un sens différent. Il ne s’agit pas de caro, carnis, la chair, mais de cern, corn, carn (latin cornu) et qui désigne la corne des animaux et notamment les bois du cerf. Avec cette nouvelle acceptation, Carnaval devient le moment où la « corne » va ‘à val’ ou ‘avale’, c’est-à dire tombe. Cette période se place au mois de février. (page 81-82)